THE WAVES
Le grand souffle du monde est imperceptible sous l’immense berceau noir moucheté d’étoiles, mais il est indubitablement au sud que le grand fracas est ce soir assourdissant. Je referme la fenêtre et j’éteins la lumière. Malgré le double vitrage qui ouate d’ordinaire les voix du dehors, le pouls de l’océan persiste jusque sous mes draps. Le magnifique mot s’impose alors à moi, magnifique d’être le titre d’un roman jamais lu, magnifique d’être d’une langue qui pour être galvaudée, s’afficher par bribes en tout lieu, soutenir les boniments des marchands, n’en est pas moins celle qui me souhaite une bonne nuit, ou parfois même en ces glorieuses matinées où ma couche est chaude de la présence de l’être aimé, me réveille : the waves.
Je m’endors en imaginant ce que pourrait être un roman mesuré de bout en bout à la pulsation des vagues venant mourir sur le sable, indéfiniment, donnant la cadence à des vies qui paraîtraient si négligeables, si courtes face à l’inusable mouvement.