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13 août 2008

ETAPE 4 : ANTITHESE DE SEIN

L’endroit, de tous ceux que mon périple m’a fait voir, qui a réellement marqué ma mémoire et mon imaginaire est celui dont je vais vous parler aujourd’hui. Je dois dire que je m’y rendais pourtant légèrement encombré de la conscience de suivre un conseil. Il faudra bien que je réfléchisse un jour pour comprendre pourquoi je suis un peu une bête rétive en la matière, mais toujours est-il que je regardais la carte, jaugeais la route et les détours dans lesquels elle m’entraînerait, je manquais de remettre l’excursion au retour, bref, je tergiversais.

Le site m’avait pourtant été recommandé avec beaucoup d’attention, on m’avait fourni un petit plan fait main pour que je le découvre sous son meilleur angle. Au fond le geste m’avait touché, je l’avais ressenti comme un présent et je craignais peut-être d’être déçu, de ne pas rapporter un souvenir à la hauteur des promesses qu’on m’avait faites, et à mon tour de décevoir. Le conseil m’engageait.

C’est une de mes étudiantes qui m’avait parlé du cirque de Navacelles. Elle est native de la région. Je le découvris d’une façon assez amusante. Elle parle breton avec l’accent du Morbihan, où elle l’a appris. Pendant longtemps je ne l’entendis jamais parler français. Il était donc acquis pour moi, qu’elle était morbihannaise. Et puis un jour, je lui demande de relire une phrase française qu’elle avait à traduire en breton, ce qu’elle fait rapidement mais je perçois un accent occitan – elle me confiera après avoir tenté de le masquer –.  C’est ainsi que nous parlâmes des Cévennes, son pays et plus tard, apprenant que je le traverserais au cours de mon voyage, elle m’indique le cirque.

Pour l’atteindre, et je crois que ce fait a toute son importance dans la perception du site, je roule au long de dizaines de kilomètres à travers un paysage réellement décharné, où le végétal se fait minime, où la pierre affleure partout. Les seuls arbres, on les voit dans les rares bourgades traversées, généralement dans des fonds de vallées.

Le cirque de Navacelles est en réalité un méandre. La grande courbe est grandiose, le dénivelé vertigineux mais j’ai l’impression d’avoir vu quantité d’endroits assez similaires n’eût été la géographie humaine. Ce qui est formidable, c’est le minuscule croissant vert, dérisoire dans cette cathédrale à ciel ouvert. On ressent l’aridité partout, mais là, on devine l’herbe, on devine les feuillus. Et puis j’aperçois ces quelques maisons, accrochées au rocher central du méandre. Je prends sur moi pour conduire jusqu’en bas. Je devine assez le genre de route qui m’attend.

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La rivière a abandonné son méandre et laissé un espace vivable à l’homme. Suite à un accident que j’ignore, le cours d’eau a court-circuité la boucle et rejoint l’aval par une cascade.

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A parcourir le village, ses ruelles et son cimetière minuscules, à regarder les vertes prairies et les arbres opulents dominés par les pentes asséchées de la vallée, une forte impression m’envahit et je cherche à la caractériser. Je pense d’abord à l’île de Sein, comme l’antithèse, le « négatif » de Navacelles, Sein ce petit bout de sec où l’homme s’accroche au milieu du désert ondoyant, Navacelles ce petit lopin humide où l’homme s’accroche au milieu du désert sec. Et puis une autre image me vient, et me fait sourire tant elle correspond bien : un oasis !

J’avais à peine pensé ce mot, que je découvre ce potager luxuriant où une dame est occupée à rediriger l’eau dans les canaux d’irrigation. La métaphore est rejointe par la réalité.

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Une dernière chose me frappe. Le village, pourtant minuscule, est scindé en deux parties, séparées par un pré. L’une d’elles bénéficie d’une chapelle. J’imagine la rudesse de l’hiver, et de l’été, à Navacelles et ces deux morceaux de village qui se toisent. J’ai le titre et le cadre pour une nouvelle !

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Commentaires
M
Kleg> On ménage ses neurones pour finir son bouquin, svp !
K
Encore qu'une Seinthèse serait bien venue.
K
Ne pas confondre antithèse et prothèse de Sein.
C
Ah bon, et après avoir traversé Cornus, tu étais dans quel état ? Parce que je ne voudrais rien dire, mais comparer l'île de Sein avec un méandre encaissé, il faut quand même oser TDR !
M
Cornus> D'autant que c'est pour aller là bas que j'ai traversé un certain ... "Cornus" !
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