TOUCHES
Tu finis un livre et tu trouves cruel de devoir t’en extraire faute de mots après un point final qui te laisse ému, interrogatif, déconnecté du réel, comme un peu ivre. Longtemps que ça ne m’était arrivé.
Utilisé vraiment le salon seul, pour la première fois, pour une lecture sans relâche, si ce n’est le temps de dîner et de répondre au mail étonnant d’une amie. L’accacia dealbata crépite pour moi seul dans l’âtre comme un luxe indu. C’est bien, mais Il me manque déjà.
Oh, il y eu des ratés mais moins que je ne le craignais. Mais l’essentiel était ailleurs. J’ai pris du plaisir à ce que je faisais, presque détaché. Pourtant, peu de choses pouvaient m’effrayer plus que jouer de la harpe, après des années de silence du bronze, devant une musicienne professionnelle, entre autres. Changerais-je ?
Plus d’une heure accordée par une accalmie à crever la terre des coups de ma pioche. La mer est là, je l’entendrais presque mais le parfum de l’humus est le même, l’effritement de la terre sous mes doigts aussi. Et puis soudain, une fragrance, un feuillage froissé, une racine ? J’ignore d’où elle s’exhale, son origine reste mystérieuse mais je la connais, je l’ai déjà sentie, cette année là où je m’autorisais à rêver ma vie. Et tout me revient en mémoire, cette dernière année de jardinage, les mains au sol, la tête déjà ailleurs. C’est comme si quatre années s’étaient écoulée entre l’arrêt sur image et son retour au mouvement.