ETAPE 2 : PELERINAGE ŒNOLOGIQUE ET CACHE D'UN VIEUX FUSIL
Cap au sud-est en longeant, de loin et sans le voir, l’estuaire qui s’étrangle, bien des kilomètres plus loin, à Bordeaux. Je n’ai aucune représentation mentale de la géographie locale si l’on excepte cet immense bras de mer qui fait à l’hexagone une bouche pour compléter un nez proéminent qui m’est plus familier. Autant dire que j’ignore si mon itinéraire me fera entrapercevoir les célèbres vignobles associés au nom de la ville citée plus haut. Mais soudain, le paysage me fait une démonstration sans équivoque. La vigne règne. En maîtresse absolue. Jamais je n’avais vu encore vitis vinifera occuper ainsi tout l’espace agricole, ni an Anjou, ni dans le domaine de culture du Côte du Rhône. Jetant alors un œil à la carte, j’ai l’heureuse surprise de constater que mon itinéraire, tracé à la va vite, ne fait pas les choses à moitié, je dirais même qu’il me mène en plein dans le mille. Escale imprévue mais obligée !
Escale obligée, disais-je, pour deux raisons. La première est que je dois confesser, au risque de m’attirer quelque foudre éduenne, apprécier le vin de Bordeaux et c’est d’ailleurs, comme chacun sait, une des clefs de la réussite de tout mariage avec un anglais – comme quoi il n’y a pas que le sexe dans la vie ! La seconde est que je veux me recueillir laïquement en l’église fondée par un saint breton, nommé Emilion, venu de Vannes et qui a donné son nom à une petite rivière aux confins de la Haute Cornouaille et du Trégor. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que les grands bretons ne font que marcher sur les traces des petits. Je dois dire que la surprise est heureuse. Je croyais que la ville ne tenait sa réputation que de son vignoble, mais l’endroit est très charmant, truffé de vestiges médiévaux. Une autre constatation s’impose : j’ai trop chaud !
Autre jolie surprise, le soir même, le village de Bruniquel, un dédale de ruelles étroites et fleuries protégé de vieilles portes médiévales et surmonté d’un château construit en porte à faux sur le vide. J’apprendrai plus tard, d’un collègue de monsieur, que c’est là que fut tourné le film « Le vieux fusil ». A ce moment du voyage, je suis étonné de son parallélisme avec celui de l’année dernière. Première nuit au bord de l’Atlantique, seconde dans un camping au fond d’une vallée profonde et boisée que domine un village moyenâgeux.
Je m’endors avec un programme en tête pour le lendemain. J’ai un compte à régler avec une certaine cathédrale et je dois suivre – chose de je fais rarement de bon gré comme cette fois – un conseil.