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19 septembre 2008

SELF IMPRIMATUR

Au début on se dit que… L’idée tournait dans la tête depuis longtemps, on attendait peut-être de manière sans doute infantile un encouragement, on craignait d’exposer ses projets à autrui, de s’entendre dire que c’était une mauvaise idée. Mais au fond, à bien y réfléchir, quand une idée vous trotte ainsi depuis longtemps, c’est qu’elle est bonne pour vous, qu’il faut la mener à bien. Et le pire risque d’obéir aux injonctions de soi-même c’est de faire mieux que d’obéir aux injonctions du raisonnable. Le second obstacle était de traduire mon français pas toujours très simple dans une langue où le simple apparaît parfois compliqué. C’est une expérience très enrichissante. A devoir se traduire, on passe chacune de ses phrases au crible d’une analyse à laquelle ne résisterait pas le verbiage, on se pose à chaque mot la question de sa légitimité. Et il peut-être légitime parfois du seul fait de son euphonie, de la nuance qu’il apporte à la couleur d’ensemble de la phrase. A une petite modification près, les textes d’origine ont tenu bon.  J’étais en accord avec moi-même, j’avais bien écrit ce que je voulais écrire, j’étais satisfait. L’autosatisfaction n’a pas bonne presse sans doute, elle peut paraître confiner à l’orgueil, mais j’entends par là que je n’avais pas de repentir, j’ai fait ce que je devais faire, sans présomption de sa valeur.

J’ai traduit très vite, sans blocages sérieux, avec fougue, comme j’écris les textes originaux, quelque soit la langue.  Ces jours ci, je relis la version bretonne. J’avais très peur que ce soit illisible, d’avoir manqué de recul. Ce soir je viens de relire « Le Roc », version bretonne, le texte qui m’a demandé la plus d’effort, à cause de la complexité de la première page mais aussi de la gêne que j’éprouvais à décrire une scène si crue en breton. Curieusement, à la relecture, j’ai cru que ce texte avait été écrit directement en breton. J’étais content de cela. Mais dans le même temps, il avait un aspect de nouveauté, forcément, qui m’obligeait à une distanciation, à une redécouverte du texte. J’y ai vu quantité de choses marquantes pour moi, dont je n’avais pas eu autant conscience en l’écrivant. Et la fin m’a glacé.

Bref, ça va être difficile à faire passer, mais ce soir je crois fermement à ce livre, je suis dans cet état d’excitation qui arrive immanquablement à un stade donné de la confection des ouvrages, qui sans préjuger de ses possibilités d’existence réelle, fait qu’à ce moment précis il devient un livre dans l’esprit de celui qui l’a écrit.

Je suis gourmand de ces moments.

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Commentaires
C
Hier soir, j'ai eu subitement un petit doute. Alors je suis allé vérifier ce qu'était "Le Roc" et, heureusement pour ma mémoire, je ne me trompais pas.<br /> Kleg, si ça peut te rassurer, la version française m'avait aussi profondément glacé. J'avais même utilisé la terminologie "mal à l'aise", pour ne pas dire traumatisé.<br /> Je suis mal placé pour en parler, mais il me semble que lorsqu'on écrit, il y a nécessairement (au moins) une sorte de fièvre intérieure. Evidemment, chez certain(e)s, les apparences, les signes extérieurs de sérénité peuvent être extrêmement trompeurs. En même temps, j'ai du mal à concevoir l'écriture comme quelque chose de règlé comme du papier à musique comme je l'ai entendu dans la bouche de certains auteurs qui disent écrire tous les jours de X heure à Y heure.
K
"tranquillement, avec certitude", Ma Doue ! Que nenni ! Si ce que j'écris ne me fait pas trembler au moment même où je l'écris, j'arrête immédiatement ! Quant à la certitude, alors ça, ça ne vient qu'au point final.
M
Kleg> J'oublais, pas à pas et en louve solitaire, bien sûr !
M
"J'avance tranquillement et je sais que j'irai au bout, mais la fièvre fait défaut. Hem...hem...La copie est peut-être à revoir." Eh bien, je ne sais trop quoi en penser, pas de la copie, hi!hi!, mais du fait que ça ne soit pas fiévreux, j'ai à vrai dire toujours imaginé que tu écrivais ainsi, pas à pas, tranquillement, avec certitude, bref à l'opposé de moi, auquel cas, que de bon présage! Mais je me trompe peut-être, tu es mieux placée que moi pour le savoir...
K
Et moi je suis atrocement jalouse de "cet état d'excitation" que je connais bien, et que j'aime tant, mais que je guette avec un rien d'inquiétude en ce moment...Et si ça ne venait pas ? C'est trop pépère. J'avance tranquillement et je sais que j'irai au bout, mais la fièvre fait défaut. Hem...hem...La copie est peut-être à revoir.<br /> Alors autrement, pour les 3 textes que j'ai lu dans les deux langues, j'avais d'abord relu les versions d'origine (non, le Roc j'ai piqué la tête dans le breton tout de suite,le français était de toute façon tellement imprimé dans ma mémoire !)Bref, c'était curieux, à chaque fois je me suis demandé l'espace d'une seconde si je ne les avais pas déjà lu en breton. Al lennerez a voe plijet autant que le fut la lectrice. C'est plutôt bon signe, non ?<br /> Glacé par la fin du roc ? Ah quand même ! Ça me rassure, je me sens moins seule. Cela dit, je suis SÛRE que ça passera.
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